dimanche 6 avril 2014

Thomas Riboud et l'esprit d'émulation (publié dans Le Progrès)

 
Thomas Riboud. Ce nom vous est peut-être familier, notamment en Bresse. Malheureusement trop méconnu, cet éminent personnage de notre histoire local était autant bon politique qu'excellent scientifique et littéraire, tout en étant un fervent défenseur des différents patrimoines du département.
Une enfance dorée

Thomas-Philibert Riboud naquit à Bourg-en-Bresse le 24 octobre 1755. D'une famille appartenant à la haute-bourgeoisie politique de Bourg, il était le fils de Jean-Bernard Riboud dit Riboud-Cadet, avocat au bailliage-présidial, et de Marie-Pierrette Périer. Son parrain était celui qui lui transmettait alors son prénom, son grand-père et homonyme Thomas Riboud, également avocat au bailliage-présidial. Sa marraine était Philiberte Bolomier, épouse du lieutenant en l’Élection de Bresse. Il était également le petit-neveu de Jean-Bernard Riboud, maire de la ville pendant près de 20 ans. Ce cadre familial ne pouvait que faire de lui un futur avocat. Ainsi, après des études chez les Jésuites de Bourg puis chez les Oratoriens de Beaune, Thomas Riboud obtint sa licence de droit à Dijon puis s'installa comme avocat à Lyon où il fonda alors la Société littéraire.

Une carrière politique burgienne

Portrait de Thomas Riboud
De retour à Bourg en 1779, il acquit la charge de procureur du Roi au bailliage-présidial puis devint, en 1783, subdélégué de l'intendant de Bourgogne en Bresse, et enfin, en 1790, procureur général du département de l'Ain, sorte de préfet avant l'heure. De par cette dernière charge, il sauva notamment le monastère de Brou de la destruction en imposant le classement de l'église au titre des monuments nationaux protégés. Une plaque, située à proximité des sépultures ducales de l'église, rappelle ce sauvetage essentiel pour le patrimoine culturel du département de l'Ain. En 1791, il fut élu député de l'Ain avant d'être emprisonné pour des raisons politiques dès le début de l'année 1794. L'année suivante, une fois libéré, il devint juge au tribunal criminel de l'Ain puis fut de nouveau nommé procureur général du département jusqu'en 1797. En avril 1799, il fut élu à l'assemblée législative d'alors, le Conseil des Cinq-Cents.

Après l'arrivée de Bonaparte au pouvoir le 18 brumaire an VIII, Riboud revint à Bourg et y enseigna à l'école centrale. En 1800, il devint président du tribunal criminel de l'Ain et juge à la Cour d'appel de Lyon. En 1811, il occupa la présidence de cette dernière avant d'en être le président honoraire. En 1807, il devint membre de l'assemblée législative de l'Empire, le Corps législatif.

La retraite spirituelle

Dès 1815, il se retira à Jasseron, à proximité de sa ville natale, où il se consacrait à de très nombreux travaux scientifiques et historiques, faisant partie de nombreuses académies (Inscriptions et Belles-lettres, Institut de France, Société d'émulation de l'Ain, etc.). Il y décéda le 6 août 1835, à l'âge de 80 ans. Les différents travaux publiés à la Société d’Émulation de l'Ain mais également les différents documents familiaux se retrouvent aux Archives départementales de l'Ain.

"Remplissez leur esprit du feu salutaire de l'émulation" : Riboud et la Société d'Emulation de l'Ain

Le 21 février 1783, Thomas Riboud, alors âgé de 28 ans, fonda la Société d’Émulation de l'Ain dont il fut le secrétaire perpétuel jusqu'en 1827 et où il rédigea plus d'une centaine d'essais. Issue d'une première tentative par Lalande en 1755, son but était de donner un essor à la connaissance et au savoir au sein du département de l'Ain, sur des sujets tant scientifiques que littéraires. Interdite en 1793, elle fut rétablie en 1801 puis fut reconnue d'utilité publique en 1829. Ami de Riboud et créateur de l'entité primitive, Lalande est élu membre dès l'origine. D'autres membres éminents en firent partie : Henri de Boissieu, Charles Delestraint, Charles Jarrin, Charles de la Teyssonnière, Philibert Le Duc, Alphonse Mas, Édouard Révérend du Mesnil, etc. Toujours existante à ce jour, la Société d’Émulation de l'Ain est l'une des plus anciennes sociétés savantes de France.

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