dimanche 6 avril 2014

La création du département de l'Ain (1790) (publié dans Le Progrès)

Sur toute carte géographique, le département de l'Ain semble avoir des frontières logiques, entre les montagnes du Jura, Genève, le Rhône et la Saône. Néanmoins, à la veille de la Révolution, quatre entités composaient notre actuel département : la Bresse, le Bugey, la Dombes et le Pays de Gex. Le décret du 3 novembre 1789 supprima ces anciennes provinces.


Des projets ambitieux

Plusieurs projets furent proposés : Sieyès voulut un découpage en carrés d'environ 70 kilomètres de côté par département, la France représentant alors un véritable damier. Son opposant, Mirabeau, lui aussi proposa la création des départements mais son projet n'aboutit pas : il fut modifié en novembre 1789 au profit d'une subdivision ne prenant pas forcément en compte l'aspect historique de ces nouvelles zones géographiques mais avec comme point commun la possibilité de se rendre au chef-lieu à cheval en moins d'une journée à partir de n'importe quel endroit du département. Ces travaux de tracés furent confiés à l'astronome et ingénieur Jean-Dominique Cassini. La toponymie de chaque département fut choisie selon la géographie et l'hydrographie propres à chaque territoire et permettant ainsi d'effacer toute dénomination rappelant les terres d'Ancien Régime.

1790 : l'Ain prend forme

Carte du département de l'Ain

Il faut attendre le 26 février 1790 pour voir la création du département de l'Ain, prenant ainsi le nom de la rivière qui le traverse. Les tractations furent difficile : il fut envisagé de réunir la Dombes et le Beaujolais, d'intégrer Mâcon au département et d'en faire le chef-lieu au détriment de Bourg-en-Bresse, de faire de la réunion du Bugey et du Pays de Gex un département à part, d'intégrer le Pays de Gex au département du Jura, etc.

Finalement, le choix fut fait de regrouper les quatre provinces originelles : la Bresse, le Bugey, la Dombes et le Pays de Gex. La question des frontières se posa alors et notamment sur plusieurs cas : l'Ain cède au Jura Aromas, Coisia, Cornod, Saint-Jean-d'Etreux et Thoirette en échange de Chavannes-sur-Suran, une partie de Coligny, Germagnat, Pouillat et Salavre. Également, Romenay fut donnée à la Saône-et-Loire, tandis que Caluire fut rattachée au département de Rhône-et-Loire en échange de Genay, Riottier et Saint-Jean-de-Thurigneux.

Neuf districts furent également mis en place : Belley, Bourg-en-Bresse, Châtillon-sur-Chalaronne , Gex, Montluel, Nantua, Pont-de-Vaux, Saint-Rambert-en-Bugey et Trévoux. Le 17 février 1800, une loi supprima ces districts au profit de quatre arrondissements : Belley, Bourg-en-Bresse, Nantua et Trévoux. L'arrondissement de Gex fut rattaché au département du Léman jusqu'à sa restitution à l'Ain par le traité de Vienne en 1815. Quelques communes restèrent alors à la Suisse : Bellevue, Collex-Bossy, Grand-Saconnex, Meyrin, Pregny-Chambésy, Vernier et Versoix.

La gestion du département : le Conseil général et la Préfecture

Dès leur création en 1790, les départements furent gérés par les Conseils généraux. Cette assemblée départementale était élue pour deux années et se composait de 36 membres dont 8 qui formaient un directoire. Le 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), les préfectures et sous-préfectures virent le jour et l'exécutif leur fut alors confié, au détriment du Conseil général.
Quelques personnages sont à distinguer parmi nos préfets. Le premier, le belge Hyacinthe Fabry, fut nommé mais refusa le poste, préférant une carrière parisienne, au profit de Jean-Antoine Ozun (1800-1802), à l'origine de nombreux travaux d'urbanisme à Bourg-en-Bresse, où il décéda accidentellement. Parmi ses successeurs se retrouvent notamment le belge et futur ministre néerlandais Patrice de Coninck (1802-1805), le poète piémontais Joseph-Aurèle de Bossi (1805-1810) ou encore le futur ministre Hippolyte Jayr (1834-1837).

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