mercredi 3 juillet 2013

Chabot, dans l'ombre de Romans

Dans la même série que les articles précédents, ce nouvel article est basé sur mes trouvailles dans le fonds des demandes de cartes de combattants volontaires de la Résistance (CVR). Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un inconnu s'étant illustré comme beaucoup d'autres, mais d'un personnage éminent de la Résistance de l'Ain, qui fut président de l'Amicale des Anciens des Maquis de l'Ain pendant près de 30 ans : Henri Girousse.

Une formation militaire

Henri Girousse est né le 17 janvier 1913 à Volx, dans les Hautes-Alpes. En 1935, il intègre la prestigieuse école de Saint-Cyr (où il côtoie Tom Morel, futur chef des maquis de Haute-Savoie) et en sort sous-lieutenant.

En 1939, avec l'entrée en guerre de la France, Girousse est fait chef de section d'éclaireurs skieurs au 102e BAF (Bataillon Alpin de Forteresse).

Henri Girousse (1945) - 1 Fi 176 (AM Bourg-en-Bresse)


L'Armistice de 1940 et la poursuite du combat


L'Armistice signé, Girousse décide de partir dans l'Ain, dans les environs de Neuville-sur-Ain, où il devient lieutenant au 10e bataillon des Chasseurs à Pied, puis il rejoint le centre-est du Maroc, à Taza, et intègre le 4e régiment de Tirailleurs Marocains.

L'entrée de Chabot dans la Résistance

En novembre 1942, après le débarquement allié en Afrique du Nord, Girousse se retrouve bloqué en France et envisage rapidement de rejoindre la Résistance des Alpes-de-Haute-Provence. Mais un appel de l'Ain va changer son destin : celui du capitaine Henri Petit, surnommé "Romans", commandant des maquis de l'Ain et du Haut-Jura. C'est ainsi que, sous les ordres de Pierre Marcault, il intègre le camp de Morez (à proximité d'Hotonnes, dans le Haut-Bugey), premier camp des maquis de l'Ain, et prend son surnom de Chabot. Rapidement, il est chargé d'encadrer les réfractaires au STO (Service de Travail Obligatoire).

De plus grandes responsabilités

Dès septembre 1943, Romans décide de confier à Chabot l'organisation et le commandement du Groupement Sud des maquis de l'Ain. C'est sous ces nouvelles responsabilités qu'il participe à plusieurs faits majeurs : l'organisation de la prise du dépôt de l'intendance de l'armée à Bourg-en-Bresse (28 septembre 1943), la participation au défilé d'Oyonnax (11 novembre 1943) avec le transport des troupes, les combats de Brénod (février 1944), Boyeux (avril 1944), Ambérieu-en-Bugey et Hauteville (juin 1944, avec le commandement de l'explosion de 52 locomotives dans la gare de triage d'Ambérieu la nuit du 6 au 7 juin 1944), Neuville et Cerdon (juillet 1944), Col de la Lèbe (août 1944) et la libération de Bourg-en-Bresse (septembre 1944).

L'adjoint de Romans

Romans devenu commandant, en sus de ses attributions, des maquis de Haute-Savoie, ses compétences dans l'Ain sont déchargées au profit de Chabot. Celui-ci décide alors d'installer son Poste de Commandement à Brénod (près de Nantua).

Le dernier fait d'armes de Chabot se trouve à Meximieux le 1er septembre 1944, lors de la bataille opposant l'armée américaine (179e régiment de la 45e division américaine, commandée par le colonel Davison), associée aux Forces Françaises de l'Intérieur (compagnies du Groupement Sud commandées par Chabot), à l'armée allemande (15e régiment de Panzers, 11e régiment de Grenadiers et 11e division blindée). Les pertes seront de 153 tués (100 allemands, 11 américains, 30 maquisards et 12 civils) et 41 prisonniers allemands.

L'après-guerre

Girousse poursuit ensuite sa carrière militaire et devient capitaine (25 juin 1944) au 12e bataillon de Chasseurs Alpins, avec lequel il fait la campagne des Alpes et d'Alsace. Il participe ensuite de 1952 à 1954 à la guerre d'Indochine (à l'issue de laquelle il devient chef de bataillon  le 2 avril 1954) puis, avec le 12e BCA à la guerre d'Algérie (1956-1958). En parallèle, il installe son foyer sur les terres de ses exploits, à Ceignes, vers Nantua.

Décoré de la Légion d'Honneur (comme chevalier le 7 juillet 1946 puis comme officier le 1er août 1953), titulaire de la médaille de la Résistance (17 mai 1946), Girousse décide de demander sa carte de CVR en 1955. Le titre lui sera attribué la même année.

Demande d'obtention de la carte de CVR par Henri Girousse (1er octobre 1955) - 1548 W (AD 01)

Circulaire d'attribution du titre de CVR à Henri Girousse (1er décembre 1955) - 1548 W (AD 01)




De retour à une vie civile, il devient président de l'Amicale des Anciens des Maquis de l'Ain.


Le président Bill Clinton et Henri Girousse à Pérouges (Ain) lors du G7, le 27 juin 1996. - 1548 W (AD01)

Henri Girousse décède d'une crise cardiaque le 28 septembre 1998.

Fax de l'Office National des Anciens Combattants annonçant le décès d'Henri Girousse (28 septembre 1998) - 1548 W (AD 01)


Sources

GIROUSSE (Henri). Les Batailles d'Ambérieu et de l'Albarine : juin-juillet 1944. Bourg-en-Bresse, 1969. 44 p.

Archives départementales de l'Ain. Sous-série 1548 W



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