Thomas Riboud. Ce nom
vous est peut-être familier, notamment en Bresse. Malheureusement
trop méconnu, cet éminent personnage de notre histoire local était
autant bon politique qu'excellent scientifique et littéraire, tout
en étant un fervent défenseur des différents patrimoines du
département.
Thomas-Philibert Riboud naquit à Bourg-en-Bresse le 24 octobre 1755. D'une famille appartenant à la haute-bourgeoisie politique de Bourg, il était le fils de Jean-Bernard Riboud dit Riboud-Cadet, avocat au bailliage-présidial, et de Marie-Pierrette Périer. Son parrain était celui qui lui transmettait alors son prénom, son grand-père et homonyme Thomas Riboud, également avocat au bailliage-présidial. Sa marraine était Philiberte Bolomier, épouse du lieutenant en l’Élection de Bresse. Il était également le petit-neveu de Jean-Bernard Riboud, maire de la ville pendant près de 20 ans. Ce cadre familial ne pouvait que faire de lui un futur avocat. Ainsi, après des études chez les Jésuites de Bourg puis chez les Oratoriens de Beaune, Thomas Riboud obtint sa licence de droit à Dijon puis s'installa comme avocat à Lyon où il fonda alors la Société littéraire.
Une carrière politique burgienne
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Portrait de Thomas Riboud |
De retour à Bourg en
1779, il acquit la charge de procureur du Roi au bailliage-présidial
puis devint, en 1783, subdélégué de l'intendant de Bourgogne en
Bresse, et enfin, en 1790, procureur général du département de
l'Ain, sorte de préfet avant l'heure. De par cette dernière charge,
il sauva notamment le monastère de Brou de la destruction en
imposant le classement de l'église au titre des monuments nationaux
protégés. Une plaque, située à proximité des sépultures ducales
de l'église, rappelle ce sauvetage essentiel pour le patrimoine
culturel du département de l'Ain. En 1791, il fut élu député de
l'Ain avant d'être emprisonné pour des raisons politiques dès le
début de l'année 1794. L'année suivante, une fois libéré, il
devint juge au tribunal criminel de l'Ain puis fut de nouveau nommé
procureur général du département jusqu'en 1797. En avril 1799, il
fut élu à l'assemblée législative d'alors, le Conseil des
Cinq-Cents.
Après l'arrivée de
Bonaparte au pouvoir le 18 brumaire an VIII, Riboud revint à Bourg
et y enseigna à l'école centrale. En 1800, il devint président du
tribunal criminel de l'Ain et juge à la Cour d'appel de Lyon. En
1811, il occupa la présidence de cette dernière avant d'en être le
président honoraire. En 1807, il devint membre de l'assemblée
législative de l'Empire, le Corps législatif.
La retraite spirituelle
La retraite spirituelle
Dès 1815, il se retira à
Jasseron, à proximité de sa ville natale, où il se consacrait à
de très nombreux travaux scientifiques et historiques, faisant
partie de nombreuses académies (Inscriptions et Belles-lettres,
Institut de France, Société d'émulation de l'Ain, etc.). Il y
décéda le 6 août 1835, à l'âge de 80 ans. Les différents
travaux publiés à la Société d’Émulation de l'Ain mais
également les différents documents familiaux se retrouvent aux
Archives départementales de l'Ain.
"Remplissez leur esprit du feu salutaire de l'émulation" : Riboud et la Société d'Emulation de l'Ain
Le 21 février 1783,
Thomas Riboud, alors âgé de 28 ans, fonda la Société d’Émulation
de l'Ain dont il fut le secrétaire perpétuel jusqu'en 1827 et où
il rédigea plus d'une centaine d'essais. Issue d'une première
tentative par Lalande en 1755, son but était de donner un essor à
la connaissance et au savoir au sein du département de l'Ain, sur
des sujets tant scientifiques que littéraires. Interdite en 1793,
elle fut rétablie en 1801 puis fut reconnue d'utilité publique en
1829. Ami de Riboud et créateur de l'entité primitive, Lalande est
élu membre dès l'origine. D'autres membres éminents en firent
partie : Henri de Boissieu, Charles Delestraint, Charles Jarrin,
Charles de la Teyssonnière, Philibert Le Duc, Alphonse Mas, Édouard
Révérend du Mesnil, etc. Toujours existante à ce jour, la Société
d’Émulation de l'Ain est l'une des plus anciennes sociétés
savantes de France.
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