Sur toute carte
géographique, le département de l'Ain semble avoir des frontières
logiques, entre les montagnes du Jura, Genève, le Rhône et la
Saône. Néanmoins, à la veille de la Révolution, quatre entités
composaient notre actuel département : la Bresse, le Bugey, la
Dombes et le Pays de Gex. Le décret du 3 novembre 1789 supprima ces
anciennes provinces.
Des projets ambitieux
Plusieurs projets furent
proposés : Sieyès voulut un découpage en carrés d'environ 70
kilomètres de côté par département, la France représentant alors
un véritable damier. Son opposant, Mirabeau, lui aussi proposa la
création des départements mais son projet n'aboutit pas : il
fut modifié en novembre 1789 au profit d'une subdivision ne prenant
pas forcément en compte l'aspect historique de ces nouvelles zones
géographiques mais avec comme point commun la possibilité de se
rendre au chef-lieu à cheval en moins d'une journée à partir de
n'importe quel endroit du département. Ces travaux de tracés furent
confiés à l'astronome et ingénieur Jean-Dominique Cassini. La
toponymie de chaque département fut choisie selon la géographie et
l'hydrographie propres à chaque territoire et permettant ainsi
d'effacer toute dénomination rappelant les terres d'Ancien Régime.
1790 : l'Ain prend forme
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Carte du département de l'Ain |
Il faut attendre le 26
février 1790 pour voir la création du département de l'Ain,
prenant ainsi le nom de la rivière qui le traverse. Les tractations
furent difficile : il fut envisagé de réunir la Dombes et le
Beaujolais, d'intégrer Mâcon au département et d'en faire le
chef-lieu au détriment de Bourg-en-Bresse, de faire de la réunion
du Bugey et du Pays de Gex un département à part, d'intégrer le
Pays de Gex au département du Jura, etc.
Finalement, le choix fut
fait de regrouper les quatre provinces originelles : la Bresse,
le Bugey, la Dombes et le Pays de Gex. La question des frontières se
posa alors et notamment sur plusieurs cas : l'Ain cède au Jura
Aromas, Coisia, Cornod, Saint-Jean-d'Etreux et Thoirette en échange
de Chavannes-sur-Suran, une partie de Coligny, Germagnat, Pouillat et
Salavre. Également, Romenay fut donnée à la Saône-et-Loire,
tandis que Caluire fut rattachée au département de Rhône-et-Loire
en échange de Genay, Riottier et Saint-Jean-de-Thurigneux.
Neuf districts furent
également mis en place : Belley, Bourg-en-Bresse,
Châtillon-sur-Chalaronne , Gex, Montluel, Nantua, Pont-de-Vaux,
Saint-Rambert-en-Bugey et Trévoux. Le 17 février 1800, une loi
supprima ces districts au profit de quatre arrondissements :
Belley, Bourg-en-Bresse, Nantua et Trévoux. L'arrondissement de Gex
fut rattaché au département du Léman jusqu'à sa restitution à
l'Ain par le traité de Vienne en 1815. Quelques communes restèrent
alors à la Suisse : Bellevue, Collex-Bossy, Grand-Saconnex,
Meyrin, Pregny-Chambésy, Vernier et Versoix.
La gestion du département : le Conseil général et la Préfecture
Dès leur
création en 1790, les départements furent gérés par les Conseils
généraux. Cette assemblée départementale était élue pour deux
années et se composait de 36 membres dont 8 qui formaient un
directoire. Le 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), les
préfectures et sous-préfectures virent le jour et l'exécutif leur
fut alors confié, au détriment du Conseil général.
Quelques
personnages sont à distinguer parmi nos préfets. Le premier, le
belge Hyacinthe Fabry, fut nommé mais refusa le poste, préférant
une carrière parisienne, au profit de Jean-Antoine Ozun (1800-1802),
à l'origine de nombreux travaux d'urbanisme à Bourg-en-Bresse, où
il décéda accidentellement. Parmi ses successeurs se retrouvent
notamment le belge et futur ministre néerlandais Patrice de Coninck
(1802-1805), le poète piémontais Joseph-Aurèle de Bossi
(1805-1810) ou encore le futur ministre Hippolyte Jayr (1834-1837).
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